Passerelles, roman

Dominique Lin

Elan Sud

  • 20 avril 2014

    Beaux mots

    Il y a des auteurs comme Dominique Lin vers qui on se tourne quand on veut être sûr de lire une belle écriture, de lire des mots qui ont du sens.

    A travers cette fiction (mais en est-ce vraiment une ? N'y a-t-il pas dans ce livre un peu de mon histoire, ou de la vôtre ?), nous faisons une pause aux côtés de Léon. Asseyons-nous avec lui sur ce banc, remontons le cours de notre vie, essayons de comprendre...


    "Quel fil puis-je tirer de ma vie qui lui donne un sens, dans lequel je ne pense pas qu'à moi, mais aussi à ceux qui m'entourent, ceux que je vois ou que je ne vois pas ?"

    Ce personnage, ce Léon, ne viendrait-il pas souffler à notre oreille une quête d'une autre qualité de vie, une recherche d'empathie avec ceux qui nous entourent, qu'on les connaisse ou pas ? Par sa voix, l'auteur ne cherche-t-il pas à nous faire comprendre combien la société actuelle est superficielle, vaine et qu'il ne tient qu'à nous de la transformer pour pouvoir dire, comme Léon "Je suis vivant" !


  • Conseillé par
    24 mai 2013

    Dominique Lin écrit la vie d'un homme tout simplement. Pas celle d'un "grand homme" qui laissera une oeuvre de quelque nature qu'elle soit, non celle de millions de gens : "Certaines personnes s'inscrivent dans la mémoire collective, d'autres se contentent de vivre leur temps discrètement. Pas de fait de guerre, pas de découverte, de théorie mathématique ou de citation philosophique. Il n'en reste pas moins qu'elles ont aimé, espéré, donné du plaisir ou de l'espoir à ceux qu'ils ont connu." (p.29) On est loin du fameux quart d'heure de gloire warholien qu'on met désormais à toutes les sauces, de ces personnes qui pour vivre ont besoin de se raconter entièrement sur les réseaux sociaux, de passer dans des émissions de plus en plus racoleuses et pitoyables (pour ce que je peux en voir sur le Zapping par exemple ou en entendre parler un peu partout, car même en ne s'y intéressant pas, on est quasiment obligé d'en avoir entendu parler ou d'en avoir vu des scènes désespérantes de platitude et de nullité). Non, Léon, est un homme profond qui a besoin de faire le point. Tous les questionnements y passent : pourquoi être né ici et pas là ? Pourquoi dans cette famille pauvre ? Pourquoi vivre seul avec sa mère ? Comment en est-il venu à ne plus apprécier ce travail qui le passionnait au départ ? S'échapper dans la lecture suffit-il à vivre pleinement une vie d'homme ? Etc, etc, ...

    Subtilement et assez richement écrit (j'ai par exemple appris l'existence et la signification d'au moins deux mots : "vernal" = relatif au printemps et "allicier" = attirer, séduire) c'est un livre qui se mérite, qui se lit sans aucune longueur ressentie. L'auteur alterne les parties racontant la vie de Léon vue par un narrateur omniscient à la troisième personne du singulier avec des parties en italique, dans lesquelles Léon s'interroge, repense à sa vie d'enfant puis d'adolescent et d'adulte (écrites à la première personne du singulier).

    J'ai noté beaucoup de pages qui m'ont plu ou touché, dans certaines desquelles j'ai pu me sentir concerné :

    "Léon allumait rarement la télé [...] préférant se plonger dans l'immensité des livres. Il les préférait peu épais, persuadé que quelques pages suffisaient à exprimer l'idée de l'écrivain, le surplus n'étant que verbiage et digressions. [...] Les livres qu'il appréciait relevaient de la concision, de la ciselure." (p.40), je prends pour moi et en même temps, pour ce livre qui en est une illustration. Une autre phrase que j'aime beaucoup, presqu'un aphorisme tiré d'une réflexion plus générale sur la mort : "La mort, cette porte qui ne s'ouvre que dans un sens, est le seul rendez-vous garanti de notre agenda, tous les autres sont aléatoires." (p.41/42)


  • Conseillé par
    16 mai 2013

    enfance

    Ce roman, c'est l'histoire de la vie de Léon, cinquième et dernier enfant de deux parents qui courent après le travail, au sortir de la guerre de 39.

    La mère, pourtant, est issue d'une noble famille mais, seule fille ne pouvant perpétuer le nom, elle est mise à la rue. Où elle rencontre Octave, musicien. Pas de quoi s'établir dans la vie.

    Pourtant, l'enfance de Léon, telle qu'il s'en souvient, ne fut pas malheureuse. Avec l'octroi d'un appartement en banlieue, la mère part, puis les enfants petit à petit. Le père décède. La vie quoi.

    La vie de Léon vue depuis le banc en face de chez lui, où il vit avec sa mère, dans une grande maison héritée d'un des employeurs de celle-ci. Sa mère qui fut toujours dure à la tâche.

    Léon, lui, travaille en lien avec les déshérités. C'est son métier, c'est aussi sa passion.

    Au final, j'ai passé un agréable moment en compagnie de Léon, assis sur son banc et se remémorant sa vie.

    L'image que je retiendrai :

    Celle du grenier de la grande maison, fermée, et qui s'ouvre sur des vieux papiers et la littérature.

    http://motamots.canalblog.com/archives/2013/05/16/27162697.html