Le Noël de la Petite Carrée
Aux éditions Dialogues, « La Petite Carrée » invite à découvrir des lieux. Un lieu, sous la plume d’un écrivain de talent. Baignez-vous nu(e) sur une plage de Bretagne avec Catherine Cusset. Découvrez sa lumière, la violence de ses vagues, la chaleur du sable qui glisse sur les corps et invite à l’érotisme. Évadez-vous en presqu’île de Crozon en compagnie de Philippe Le Guillou. Goûtez la poésie et l’aimable douceur du golfe du Morbihan, la mer de famille de Gilles Martin-Chauffier. Relisez leurs textes en vous attardant sur les somptueuses peintures de Matthieu Dorval, sur la nature à l’état brut que montrent si bien les aquarelles d’Alain Robet, sur les ciels évanescents et la tiède quiétude du golfe de Nono où tout semble à l’arrêt.
Entrez dans l’intimité d’un auteur. Voyez ce qui le fait vibrer.
Mais « La Petite Carrée » invite aussi à l’exploration d’un sujet. Pour Jean Rouaud, c'est la guerre de 14, la vie dans les tranchées, illustrées par Mathurin Méheut. Pour Paul Fournel, c’est rien moins que la littérature française qu’il s’agit d’embrasser de Rabelais à Duras, en la pastichant. Comme Mouchès, son compère de l’Oupeinpo, parodie les chefs-d’œuvre de la peinture.
La collection « La Petite Carrée » est une gourmandise. C’est le luxe à petit prix. Des bijoux somptueux à glisser sous le sapin.
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Une plage, sa plage, belle et violente, une plage qu’elle côtoie depuis trente-cinq ans, chaque été, pleine de souvenirs d’amour, d’amitié, de désir, de rires et de peurs. Cette plage où l’on se baigne nu, où l’on se moque de la bienséance. Elle y rencontre Jean, homosexuel qui profite ici de vivre enfin pleinement, au sein d'une communauté informelle. Alain Robet illustre d’aquarelles vives les paysages magnifiquement décrits par Catherine Cusset.
Quatrième de couverture
« Je l’ai rencontré il y a seize ou dix-sept ans, à une époque où la plage était plus peuplée qu’aujourd’hui. Ce n’était pas une plage méditerranéenne, pas une boîte de sardines : les petits groupes de corps allongés au soleil n’étaient pas proches les uns des autres. De femme seule, il n’y avait que moi. Je ne connaissais personne. J’arrivais, me baignais nue, me rhabillais, lisais au soleil, repartais sans parler à personne. Il était seul, lui aussi. »
Quelques mots sur le livre
Le golfe du Morbihan. "Tout est doux. Pas de lumière excessive, ni de falaises, de monuments encore moins. Lisse et de plain-pied, poli et caressé par le vent, mouillé et léché par les vagues, le rivage laisse dialoguer le ciel et la mer."
Quatrième de couverture
« On dirait que les vagues lèchent les îles comme de longues lèvres blanches et douces. Aussi pâle qu’une mousse ensoleillée, leur écume ressemble à la sueur des amoureux. À l’aube, au soleil levant, sous la caresse de la brise, l’eau ondule et scintille comme une flaque de mercure. L’été, il ne fait pas trop chaud. L’hiver, le froid n’est pas chez lui et ne s’installe pas. Au fond, on n’a que deux saisons : un merveilleux printemps et un long automne tout en douceur. »
Organiquement parlant, la littérature française est portée vers le cerveau, le cœur et le sexe de façon massive et prioritaire.
Le cerveau est omniprésent jusque dans les structures : ne compte-t-on pas obstinément les pieds, dans toute la poésie classique française ? Le cœur, pour sa part, a ses raisons que personne n’ignore. Le sexe, lui, a ses exigences et ses devoirs, il a ses belles pages et ses doublures de manteaux.
Cela ne justifie pas pour autant que les autres parties du corps échappent aux parties du discours. Les mains parfois furent aperçues, dessinant dans le noir, l’estomac littéraire eut une place chez les maîtres atrabilaires, quelques têtes poétiques tournèrent, mais de pied point ou de pied peu. Et pourtant !"
En un texte court, l’auteur des Champs d’honneur décline la guerre sous les quatre éléments de l’univers : la terre, le feu, l’eau, l’air. Guerre mondiale, guerre démesurée. Que l’écriture enveloppe d’un éclat poétique. À quoi s’ajoute celui des dessins sur le vif – le mort saisit le vif – de Mathurin Méheut.
« Tout a été dit et redit » – cette folie par laquelle des vieillards qui ne combattront pas décident d’envoyer leurs fils à la mort, la stratégie suicidaire de l’état-major prônant l’offensive qui mène des centaines de milliers d’hommes à l’abattoir : « cet ajustement des temps, en catastrophe, c’est ce qu’on appelle la guerre. »
Tout a été dit, mais personne ne l’a dit comme Jean Rouaud. Personne n’a dit l’absurde, l’horreur, l’inhumanité, le gâchis, avec cette précision de la langue qu’on lui connaît. Avec acuité.
Ma Presqu'île est enrichi des somptueuses peintures de Matthieu Dorval. "Matthieu Dorval, peintre du paysage et des confins, du mystère et des vertiges des bords du monde" écrit Philippe Le Guillou.
« En ces espaces offerts au vent, au rabot dur des rafales, à tout ce qui arrive du large, d’iode, d’averse, de sel corrosif, on éprouve soudain la sensation de la liberté plénière, de l’assentiment magique au chant du monde, à sa beauté, à sa grandeur. »
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